DIVERSITE ET COMPLEMENTARITE DES METABOLISMES

CHAPITRE 1 : La photosynthèse

Herbier de posidonies en méditerranée (Bonifacio) : les premiers maillons d'une chaine alimentaire.

Les végétaux chlorophylliens sont des producteurs primaires : ils fabriquent leurs constituants organiques à partir de substances minérales et sont dits pour cela "autotrophes" par opposition aux autres êtres vivants "hétérotrophes".

Pb : Comment cette autotrophie est-elle possible ?

I- La synthèse de matière organique

1- Localisation de la photosynthèse dans une plante éclairée

En démo au bureau : feuilles de géranium éclairées 24h avec cache + témoin à l'obscurité


Documents extraits du manuel de 2nde SVT Belin 2010 p110-111

La synthèse de matière organique est photodépendante : elle ne se produit qu'à la lumière dans les chloroplastes des cellules végétales. Cette matière organique est une macromolécule glucidique : l'amidon, révélé par l'eau iodée.

Pb : Pour synthétiser de la matière organique carbonée, il faut une source de carbone et une source d'énergie. L'expérience précédente met clairement en évidence l'importance de la lumière dans ce processus mais comment prouver que la source de carbone est bien le CO2 atmosphérique ?

2- Recherche de la source de carbone

Manuel p178, 179

Documents extraits du manuel de SVT spe Bordas 2002 p178-179

Chez les végétaux chlorophylliens, le carbone utilisé pour synthétiser l'amidon est issu d'une molécule minérale oxydée : le CO2 atmosphérique ou l'ion hydrogénocarbonate HCO3- dans l'eau.  Les êtres vivants capables de produire de la matière organique en procédant à la réduction d'une matière minérale (CO2 ou HCO3-) sont dits autotrophes pour le carbone.

Remarque : l'autotrophie peut également concernée l'azote : un organisme capable de réduire l'azote minéral (N2 ou NO3) est dit autotrophe pour l'azote...

Pb : la source d'énergie nécessaire à cette synthèse de matière organique est-elle toujours la lumière ?

3- la source d'énergie


Source

Le soleil produit de l’énergie et la lumière la transporte vers la Terre : c’est l’énergie lumineuse qui est convertie en énergie chimique par les végétaux verts. Ainsi, l’énergie se retrouve dans les chaînes alimentaires et elle ne fait que circuler d’êtres vivants en êtres vivants...

Ex 4p192


Colonie de vers du genre Riftia au voisinage d'un fumeur noir sur le plancher océanique (Source)

Les végétaux chlorophylliens utilisent l'énergie lumineuse du soleil pour réaliser la synthèse de matière organique : on parle de phototrophie ou plus généralement de photosynthèse. Dans certains écosystèmes particuliers comme au voisinage des sources hydrothermales des grands fonds océaniques, il existe des bactéries autotrophes qui tirent leur énergie de l'oxydation de molécules inorganiques (hydrogène, sulfure d'hydrogène) : on parle alors de chimiotrophie ou plus généralement de chimiosynthèse.

Remarque : 
chez les Eucaryotes, d'une manière générale, les organismes autotrophes sont aussi phototrophes et les organismes hétérotrophes sont aussi chimiotrophes.
Ces deux types de caractéristiques ne sont cependant pas toujours couplées chez les bactéries (Procaryotes) où les types trophiques sont plus complexes (voir types trophiques des bactéries). NOTION HORS PROGRAMME! Source

Pb : comment mesurer l'absorption de 
CO2 par un végétal chlorophyllien éclairé ? Par ailleurs, il est courant d'entendre que les plantes dégagent du dioxygène : certains n'hésitent pas à parler des grandes forêts comme les "poumons de la planète  : est-ce justifié ?

II- Les échanges gazeux chez un végétal chlorophyllien

1- Mise en évidence des échanges gazeux d'une plante verte aquatique (l'élodée) à l'obscurité puis à la lumière

En démo : EXAO avec élodée + sonde O2 + sonde CO2


Source
Pendant les périodes obscures, la concentration en dioxygène diminue : cette consommation en dioxygène est due à la respiration des cellules.
Pendant la période lumineuse, la concentration en dioxygène augmente : cette production de dioxygène est due à la photosynthèse.
En fait, pendant la période lumineuse, la respiration et la photosynthèse se déroulent simultanément. La production de dioxygène correspond à la photosynthèse nette, résultat de la différence entre la photosynthèse brute et la respiration.
Photosynthèse brute (PB) = dioxygène produit par la photosynthèse
Respiration (R) = dioxygène consommé par la respiration
Photosynthèse nette (PN) = dioxygène produit réellement
PN = PB - valeur absolue (R)
La photosynthèse nette est le plus souvent positive (PB >> R).
Dans le cas de faibles intensités lumineuses elle peut être nulle (PB = R) ou même négative (PB < R).
Lorsqu'elle est nulle (PB = R donc PN = PB - R = 0), on parle de point de compensation.
Source 

Remarque 1 : les échanges gazeux de la respiration et de la photosynthèse étant contraires, il y existe un point de compensation pour lequel la plante verte ne produit pas plus de dioxygène par photosynthèse qu'elle n'en consomme pour la respiration.

Remarque 2 : dire que la forêt amazonnienne est le "poumon de la Terre" est une idée fausse car c'est oublier que globalement les plantes respirent autant qu'elles font de la photosynthèse et c'est oublier aussi qu'un bois mort est consommé par des millions de microorganismes qui eux aussi respirent!

Pour aller plus loin : http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-oxygene-forets.xml

Bien éclairée, une plante chlorophyllienne consomme du dioxyde de carbone et rejette du dioxygène en réalisant la photosynthèse. Elle utilise les molécules organiques produites par photosynthèse pour se procurer, grâce à la respiration, l'énergie nécessaire à son fonctionnement. La respiration est continue, de jour comme de nuit, mais à la lumière elle est masquée par la photosynthèse.

Equation globale de la photosynthèse : 6 CO2 + 12 H2
→ C6H12O6 (glucide) + 6 O2 + 6 H2O


 Pb : Comment les cellules chlorophylliennes sont-elles alimentées en CO2 ?

 2- Observation microscopique de la face inférieure d'une feuille de polypode



Epiderme inférieur d'une feuille de polypode



Coupe transvesrale du limbe d'une feuille de dicotylédone. Seuls sont représentés schématiquement, un stomate composé de ses deux cellules de garde, l'épiderme et sa cuticule et quelques cellules de parenchyme chlorophyllien séparées par des méats aérifères et maintenant une grande chambre sous stomatique aérifère sous le stomate. On constate que les gaz de l'atmosphère sont en continuité avec cette chambre et les méats grâce à l'ostiole du stomate. Remarquons que dans l'épiderme, seules les cellules stomatiques sont pourvues de chloroplastes.

Source : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/mouvements/nasties-stomate.htm



Document extrait du manuel de SVT spe Bordas 2002 p185

Chez les végétaux terrestres, le CO2 et les autres gaz pénétrent dans les feuilles par des petits orifices : les ostioles des stomates. Chaque stomate est composé de deux cellules spécialisées (les cellules de garde) très sensibles à des changements importants de pression osmotique donc de turgescence. Leur ouverture est indirectement dépendante de la lumière car ce sont les produits de la photosynthèse qui augmentent la concentration du milieu intracellulaire à l'origine de la pression de turgescence : chez la plupart des plantes, les stomates sont fermés la nuit et ouverts le jour.

Remarque : de nombreuses plantes adaptées à la sécheresse (Cactacées, Crassulacées, Euphorbiacées, ...) ont leurs stomates fermés le jour pour limiter les pertes d'eau et ouverts la nuit pour capter le CO2. Leur métabolisme est également différent...


3- Observation microscopique d'une feuille de houx en coupe transversale

TP : réalisation d'une coupe transversale fine dans une feuille de houx :




Source : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Photosynthese-cours/02-localisation.htm#


La coupe transversale d'une feuille montre de nombreux espaces entre les cellules du parenchyme chlorophyllien. Ces lacunes permettent l'existence d'une véritable atmosphère interne.



Pb : Comment l'énergie lumineuse est-elle convertie en énergie chimique ? Comment est assurée l'assimilation du CO2  ? Quelle est l'origine du dioxygène libéré ?

III- Les pigments chlorophylliens

1- Localisation des pigments chez les Eucaryotes photosynthétiques (plantes, algues)

Source : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Chloroplaste/met.htm

Les pigments chlorophylliens liposolubles sont enchassés dans la membrane des thylakoïdes qui baignent dans un gel hydraté : le stroma.

Remarque : la présence d'ADN, de ribosomes et d'une double membrane est un argument de poids en faveur de la théorie endosymbiotique selon laquelle les chloroplastes (comme les mitochondries d'ailleurs)  étaient des bactéries à l'origine...

Pb : comment extraire et isoler les pigments chlorophylliens ?

2- Séparation des pigments chlorophylliens par chromatographie

Source : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Photosynthese/exp22.html


Par chromatographie, on peut séparer plusieurs types de pigments dans les feuilles :

- Les pigments solubles dans les solvants organiques : chlorophylles a et b (verts), caroténoides (orange).

- Les pigments insolubles dans les solvants organiques mais solubles dans l'eau : anthocynanes (bleus).

Pb : Pourquoi les pigments sont-ils colorés  ? Quel est le lien entre ces pigments et la photosynthèse ?

3- Spectre d'absorption et activité photosynthétique


Extrait du manuel de terminale spe SVT Belin 2012 p18



Les algues possèdent aussi des pigments chlorophylliens mais dans certains groupes, ils sont masqués par des pigments spécifiques pour absorber les longueurs d'ondes dominantes à la profondeur où elles vivent.




Les pigments absorbent principalement la lumière bleue et rouge, ce qui explique la coloration verte des feuilles.
Il y a une bonne correspondance entre le spectre d'absorption des pigments et le spectre d'action photosynthétique : les longueurs d'onde absorbées sont utilisées pour la photosynthèse.

Remarque :  chez les végétaux terrestres, les pigments solubles dans l'eau comme les anthocyanes (présents dans les vacuoles), ne jouent aucun rôle dans la photosynthèse.

 

Pb : quel rôle les pigments jouent-ils dans la photosynthèse ? Quelles sont les étapes de la photosynthèse ?

IV- Les étapes de la photosynthèse

1- Expériences d'Emerson et Arnold (1932)

Ces expériences ont été réalisées sur des algues vertes unicellulaires (Chlorelles) en suspension. L’incorporation du CO2 est mesurée en lumière intermittente à l'aide d'un tube-néon intense qui produit des éclairs brefs (10 μs) séparés par des intervalles variables d’obscurité (entre 1 et 40 ms). Expérimentalement, chaque mesure est réalisée pour un total de 10 000 éclairs de 10μs (soit un total de 1s de lumière) et des durées de périodes sombres comprises entre 100 s et 4000 s (soit un total d'obscurité
compris entre 1,6 à 64 minutes).

- A 25 °C : une période sombre totale d’environ 20 ms (2000 fois plus importante) pour obtenir une photosynthèse nette maximum.
- A 5°C, la durée de la période sombre augmente, mais la photosynthèse nette maximale est la même.

Dans les conditions de cette expérience (éclairement total bref et saturant), il faut une période sombre importante pour obtenir une photosynthèse maximale. Ceci suggère que des intermédiaires sont formés à la lumière rapidement (de manière quasi insensible à la température) = réactions photochimiques, et qu'ils sont utilisés beaucoup plus lentement par des réactions chimiques (sensibles à la température) = réactions biochimiques d'assimilation du CO2 .

Pb : en quoi consiste exactement cette phase photochimique ?

2- La phase photochimique : 1ère étape de la photosynthèse

En 1937, Hill réalise son expérience sur une suspension de chloroplastes éclairée et utilise, en absence de CO2, un réducteur artificiel : le ferricyanure de potassium (réactif de Hill)

En absence de CO2, les chloroplastes sont capables de libérer du dioxygène, à condition qu'un accepteur d'électron (Fe3+) soit présent dans le milieu.

On peut expérimentalement remplacer le réactif de Hill par le DCPIP (dichloro-phéno-indo-phénol) qui a la propriété d'être bleu à l'état oxydé et incolore à l'état réduit. Le matériel biologique est une suspension de chloroplastes préparée à partir, par exemple, de feuilles d'épinard.

Le DCPIP est décoloré, donc réduit à la lumière par la suspension de chloroplastes. En absence de source carbonée, à la lumière, les chloroplastes isolés produisent un dégagement de dioxygène, parallèlement à la réduction du DCPIP.

Source : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Photosynthese/exp44.html

Extrait du manuel de Terminale spe SVT Belin 2012 p21 (modifié)

 

la photosynthèse peut donc être séparée en 2 réactions couplées à un système d'oxydo-réduction. Dans les conditions naturelles de la photosynthèse, ce rôle d'accepteur d'électron est rempli par le NADP+ (Nicotinamide Adénie Dinucléotide Phosphate). Le couple NADP+ / NADPH joue ainsi le rôle d'intermédiaire entre l'oxydation de l'eau et la réduction du CO2.

Il existe en fait une série de couples redox qui transfèrent successivement les électrons jusqu’à un accepteur final, le long d’une chaîne d’oxydo-réductions dans la membrane du thylacoïde. Avec les protons issus de la photooxydation de l'eau, le lumen devient plus acide que le stroma et un flux transmembranaire de H+ permet in fine de synthétiser de l'ATP (Adénosine Triphosphate), molécule portant l'énergie dans ses liaisons P-P.

La phase photochimique correspond donc à la synthèse d'un pouvoir réducteur (le NADPH) et d'un pouvoir énergétique (l'ATP).

Remarque : pour certains auteurs, la photosynthèse au sens strict se limite à la synthèse du pouvoir énergétique et du pouvoir réducteur. Dans ce cours, comme dans beaucoup d'ouvrages, nous inclurons l'assimilation du dioxyde de carbone et la synthèse de molécules carbonées dans la photosynthèse (prise donc au sens large)

 

 

Pour aller plus loin (attention, hors programme!) : http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Photosynthese-cours/12-schemaz.htm

 

3- La phase chimique : 2ème étape de la photosynthèse

 

Ce sont les expériences de Calvin (1952) et Bassham et Calvin (1959) qui ont permis de connaître la nature du premier composé carboné formé par la photosynthèse.

Expérience de Calvin, protocole expérimental.
En fonction du débit de la pompe, on est capable très précisément de calculer le temps pendant lequel les chlorelles situées dans le serpentin ont été en contact avec le CO2 radioactif avant d'être fixées par le méthanol bouillant.

Source

L'incorporation du CO2 se réalise donc de la manière suivante :


En 1962, une expérience complémentaire menée par Calvin et Benson permet de confirmer le sens de ces réactions :


 Extrait du manuel de Terminale spe SVT Belin 2012 p22

La phase chimique se déroule dans le stroma des chloroplastes et se déroule en 3 étapes au cours du cycle de Calvin :

1ère étape : fixation du CO2 sur un composé organique en 5 carbone, le ribulose biphosphate (RuBP), grâce à une enzyme clé : la Rubisco. le composé en C6 est scindé en deux molécules en C3 : l'APG (Acide phosphoglycolique)
2ème étape : réduction de l'APG en 3-phosphoglycéraldéhyde (G3P) grâce à l'ATP et au NADPH produit à la phase photochimique. 2 G3P (molécule en C3) sur 12 servent à la synthèse du glucose (molécule en C6)
3ème étape : régénération du RuBP à partir du G3P restant grâce à l'ATP produit à la phase photochimique.

BILAN


 Extrait du manuel de Terminale spe SVT Belin 2012 p23

Remarque 1 : la Rubisco est l'enzyme la plus abondante sur Terre

 

Remarque 2 : cette enzyme est peu spécifique. Elle catalyse aussi bien la fixation du CO2 que celle de l'O2 sur le RuBP!

Remarque 3 : son activité est indirectement dépendante de la lumière. Elle ne fonctionne qu'à la lumière car elle nécessite du Mg2+ qui passe dans le stroma pour compenser alors l'entrée de H+. Enfin, son activité est maximale à pH 8, pH du stroma dans un chloroplaste éclairé...

 

L'ancienne terminologie "phase sombre" ou "non photodépendante" pour cette phase chimique est donc totalement injustifiée