LA TERRE DANS L'UNIVERS, LA VIE ET L'EVOLUTION DU VIVANT (TECTONIQUE DES PLAQUES)

CHAPITRE 2 : De la dérive des continents à la Tectonique des plaques

Axe de la dorsale Pacifique Est à 13°N - Cyatherm (Cy82-09) - 2606 m. Une fissure dans le plancher océanique.© IFREMER

"Lorsque j'ai commencé ma carrière de chercheur en 1959, nous ne connaissions même pas l'existence de la dorsale médio-océanique, la plus grande structure de notre planète puisqu'elle fait 60 000 kilomètres de long. L'océan était considéré comme au moins aussi âgé que les continents. Or nous avons découvert qu'il était trente fois plus jeune. Nos connaissances sur la partie de la Terre recouverte par l'eau étaient donc embryonnaires. C'est l'exploration des océans qui a conduit à élaborer dans les années soixante la tectonique des plaques proposant pour la première fois un modèle quantitatif cohérent de l'évolution de notre planète."Xavier Le Pichon géodynamicien et pionnier des plaques tectoniques, Professeur au Collège de France, médaille d'argent du CNRS, membre de l'Académie des Sciences.

Pb : L'exploration des océans a été décisive pour construire le modèle de la Tectonique des plaques. Quelles sont les découvertes scientifiques qui ont permis de valider ce modèle ?

I- L'hypothèse de l'expansion des fonds océaniques

1- La découverte des reliefs sous-marins

Source : http://www.svt-monde.org/IMG/jpg/Carte_des_fonds_Oceaniques.jpg

Source : Googleearth

Les échosondages ont révélé une topographie singulière sous les océans. Les marges continentales passives (sans activité sismique ou presque) sont caractérisées par un plateau continental (0 à 200m) suivi d'un talus qui descend jusqu'à la plaine abyssale (4000 à 5000m). Des chaînes de volcans parcourent tous les océans sur 60000 km : ce sont les dorsales océaniques.

Au large des marges actives (à forte activité sismique et volcanique), se trouve des fosses pouvant parfois atteindre les 11000 m!

 

2- Les mesures du flux géothermique

Source : http://peterbird.name/publications/2008_torque_balances/2008_torque_balances.htm

 

Le flux géothermique est la quantité de chaleur interne évacuée par unité de surface et de temps. En moyenne de 60 mW/m2, il est très élevé à l'aplomb des dorsales (300 mW/m2) ce qui suggère un magmatisme proche de la surface dans ces régions.

 

3- L'hypothèse de Hess

Harry Hess (1962) était professeur de géologie à l'Université de Princeton. Durant la Seconde Guerre mondiale, il servit dans la marine américaine et commanda un vaisseau qui croisait dans le Pacifique-Sud. Parallèlement à des missions d'ordre militaire, il levait la carte bathymétrique, ce qui l'amena à se questionner sur la signification des reliefs comme les dorsales, les fosses et les pics sous-marins. Alliant ses connaissances géologiques et ses observations, il en vint, en 1962, à proposer l'hypothèse du tapis roulant des fonds océaniques (sea floor spreading).

Hesse cherchait à expliquer la topographie des fonds océaniques. Il concevait que le manteau terrestre était affecté par de larges courants de convection et que les parties ascendantes sont la cause des dorsales médio-océaniques, alors que les parties descendantes se trouvent au niveau des grandes fosses comme au pourtour du Pacifique.

Selon Hess, le plancher océanique est formé au niveau des dorsales puis il dérive de part et d'autre de ces dernières avant de s'engloutir dans le manteau au niveau des fosses. Il explique ces grands mouvements par la convection.

Comme son prédécesseur Holmes, Harry Hesse rencontra énormément de scepticisme de la part des géophysiciens.

 

Pb : A la fin des années 50, des découvertes sur le magnétisme terrestre ont renforcé les hypothèses de déplacement des continents : pourquoi ?

II- L'apport du paléomagnétisme

1- Le champ magnétique terrestre actuel et fossile

Video "souvenirs magnétiques" (lesiteTV.com)

Prélevant des roches datées, on va pouvoir mesurer en laboratoire les directions du champ magnétique qu'elles ont fossilisées lors de leur formation.

On va retrouver la latitude de formation et la rotation par rapport au pôle de la roche analysée.

Si l'hypothèse du dipôle axial centré est correcte, ce pôle nord magnétique sera également le pôle nord géographique (axe de rotation de la Terre)

Source : http://www.geology.ohio-state.edu/~vonfrese/gs100/lect25/

Le champ magnétique terrestre est la conséquence des courants de matière dans le noyau externe liquide (et composé à 80% de fer). Ce champ est caractérisé par son intensité, son inclinaison et sa déclinaison (cf schéma). Les basaltes peuvent conserver les caractéristiques du champ magnétique de la Terre au moment de leur formation. Cette aimantation fossile (thermorémanente) permet de retrouver les paléopôles magnétiques. Les scientifiques ont alors fait deux observations surprenantes :

- Des roches de même âge mais prélevées sur des continents différents pointent des paléopôles différents.

- Des roches d'âges variés prélevés sur un même continent semblent montrer une dérive du paléopôle au cours du temps.

En partant de l'hypothèse que le pôle magnétique a toujours été proche du pôle géographique, on en déduit que ce sont les continents se trouvant au dessus des paléopôles qui ont migré : la théorie du déplacement des plaques est confirmée.

 

2- La découverte des anomalies magnétiques

ACTIVITE 5 (paleomagnetisme)

Source : documents du professeur Jean Besse, extraits d'une conférence (mise en ligne sur canal-U) : "Paléomagnétisme : du magnétisme des roches à la dynamique géologique de notre planète"

L'enregistrement des anomalies magnétiques océaniques constitue un argument fort en faveur de l'hypothèse de Hess : l'alternance de bandes inverses et normales d'anomalies magnétiques et leur parfaite symétrie à l'axe de la dorsale prouvent que le plancher océanique est en expansion à la manière d'un tapis roulant.

La recherche des paléolatitudes permet de repositionner les continents à chaque époque géologique (pour les 500 derniers millions d'années du moins) et donc de tracer des cartes paléogéographiques.

 

 

III- La construction d'un modèle global : la tectonique des plaques

1- La distinction lithosphère-asthénosphère

Source : Sismolog

Image de tomographie sismique (source IPG)

En bleu les zones froides (vitesses des ondes rapides), en rouge les zones chaudes (vitesses des ondes lentes)

 

Dans une zone de subduction, les foyers des séismes sont de plus en plus profonds à mesure que l'on s'éloigne de la fosse en direction de l'arc volcanique . Ils s'inscrivent dans un plan incliné de moins de 100 km d'épaisseur appelé plan de Wadati-Benioff. Ce plan correspond à la plaque lithosphérique plongeante.

La tomographie sismique révèle une double anomalie du flux de chaleur interne au niveau de la zone de subduction :

- Une anomalie négative entre la fosse et l'arc correspondant à la plaque plongeante froide.

- Une anomalie positive au niveau de l'arc correspondant à la remontée de magmas sous les volcans.

Les géologues considèrent que la limite entre la lithosphère rigide et l'asthénosphère ductile correspond à l'isotherme 1300°C.

 

2- Les failles transformantes

Source : http://svt.ac-dijon.fr/schemassvt/article.php3?id_article=2712

 

 

 

Source : http://geosciences3d.univ-lyon1.fr/resources.php#content

De grandes cassures décalent l'axe des dorsales océaniques : ce sont les failles transformantes. Elles sont dues au fait que les plaques se déplacent sur une sphère autour d'un axe dit eulérien. Elles forment de petits arcs de cercle centrée sur un même pôle eulérien de rotation. La longueur de ces failles augmente en s'éloignant du pôle eulérien.

 

3- Les points chauds

Source

L'alignement des archipels volcaniques éloignés des dorsales océaniques s'explique par le fonctionnement d'un point chaud. Un magma venant de couches très profondes (2900km) remonte et vient percer la plaque océanique en mouvement pour former un volcan. Ce dernier dérive avec la plaque et finit par ne plus être alimenté et donc s'éteint. En refroidissant, l'édifice volcanique s'affaisse et devient progressivement un atoll avec le développement de récifs coralliens circulaires.

Remarque :

les points chauds ne sont pas fixes mais leur déplacement est négligeable par rapport à celui relativement rapide des plaques en surface.

Survol de Huahine et son récif barrière (Iles sous le vent, Polynésie)
Survol d'un atoll dans les tuhamotus (Polynésie)

Extrait de "Comprendre et enseigner La Planète Terre" de J.M Carron

Les Açores : un point chaud sur un point triple...

 

Lien vers un diaporama assez complet sur les Açores